samedi 27 décembre 2014

Affranchir



Une montagne de découragement s’élève 
devant moi, je cherche le chemin de contre-
bandier qui permettra de la franchir

Christian Bobin   Un assassin blanc comme neige

vendredi 12 décembre 2014

la lune blanche l'après midi



Parfois dans le ciel de l'après midi passait la lune blanche
comme un nuée, furtive, sans éclat, comme une actrice 
dont ce n'est plus l'heure de jouer et qui, de la salle, en
toilette de ville, regarde un moment ses camarades, s'effaçant,
ne voulant pas qu'on fasse attention à elle.

Marcel Proust

lundi 24 novembre 2014

Derrière le doigt l'acteur principal...




 Rive Gauche à Paris
Oh mon île Oh mon pays
De musique et de poésie
D'art et de liberté éprise
Elle s'est fait prendre, elle est prise
Elle va mourir quoi qu'on en dise
Et ma chanson la mélancolise
La vie c'est du théâtre et des souvenirs
Et nous sommes opiniâtres à ne pas mourir

Rive gauche                  Alain Souchon

dimanche 2 novembre 2014

Les souffleurs de vers





Les chansons de Prévert me reviennent
De tous les souffleurs de vers...laine
Du vieux Ferré les cris la tempête
Boris Vian s'écrit à la trompette
Rive Gauche à Paris
Adieu mon pays
De musique et de poésie
Les marchands de malappris
Qui d'ailleurs ont déjà tout pris
Viennent vendre leurs habits en librairie
En librairie en librairie
Si tendre soit la nuit
Elle passe ......

Alain Souchon    Rive Gauche

vendredi 31 octobre 2014

Ma




"Ceux qui ne cherchent pas à se connaître se suicident à chaque instant." 

 Dans la vision réelle, il y a pas "UN QUI VOIT" et "LE VU". La vision réelle est sans yeux. En elle, il n'y a pas de place pour la "di-vision". 

jeudi 16 octobre 2014

Douleurs



Je sais que vous avez bien autre chose à faire
Que de nous plaindre tous,
Et qu’un enfant qui meurt, désespoir de sa mère,
Ne vous fait rien, à vous!
Je sais que le fruit tombe au vent qui le secoue;
Que l’oiseau perd sa plume et la fleur son parfum;
Que la création est une grande roue
Qui ne peut se mouvoir sans écraser quelqu’un;
Les mois, les jours, les flots des mers, les yeux qui pleurent,
Passent sous le ciel bleu;
Il faut que l’herbe pousse et que les enfants meurent;
Je le sais, ô mon Dieu!
Villequier, 4 septembre 1847.
Victor Hugo

samedi 20 septembre 2014

Pluie



Sur le sentier en pente les ruisselets d'une
pluie récente viennent à moi comme les plus
beaux poèmes de la langue française courant
au-devant de leur lecteur.

Christian Bobin      La Grande Vie

vendredi 5 septembre 2014

Réconciliation

 

 
Un être spirituel est avant tout un être qui vit dans
le climat général du oui
 
Cette réconciliation avec le monde commence par la réconciliation
avec notre passé, quel qu'il ait été, pour pouvoir vivre instant après instant
en communion avec notre présent tel qu'il est dans la réalité de l'instant,
de l'ici et maintenant. On pourrait aussi évoquer une réconciliation par
avance avec notre futur. Plus de crainte : le futur sera ce qu'il sera, à chaque
jour suffit sa peine, à chaque jour suffit son oui. Et pour pouvoir être
réconcilié avec ce futur que nous ne connaissons pas mais que nous 
pouvons parfois pressentir, il est indispensable d'être réconcilié avec son 
passé. Se réconcilié avec le passé implique que ce passé ne nous tienne
plus dans ses griffes, qu'il ne vienne plus colorer, déformé l'instant présent. 
 
Arnaud Desjardins       SOURCE n° 17     Page 34-35
 
 

 

mardi 19 août 2014

Charme du jour




Et si, dans la soif éternelle,
Parmi les maudits, 
Un Djinn m'apportait sous son aile
De la neige du Paradis,

Augusta Holmès

vendredi 15 août 2014

Le temps d'un sourire



Ce matin la pluie a pris le grand pinceau,
Recolore à chaque seconde le manteau soyeux,
comme pour nous inviter à un nouveau voyage.
Sorti de moi-même, j’entre dans cet immense tableau,
Je me regarde d’un tout autre œil,
Je vois l’école de mon enfance
Et prend le temps de cajoler un petit être resté
Caché derrière un morceau de toile.

dimanche 3 août 2014

Transsubstantiation



Que celui qui pourrait écrire un tel livre serait heureux, 
pensais-je, quel labeur  devant lui ! Pour en donner une
idée, c'est aux arts les plus élevés  et les plus différents
qu'il faudrait emprunter des comparaisons ;  car cet
écrivain, qui d'ailleurs pour chaque caractère en ferait
apparaître les faces opposées pour montrer son volume,
devrait préparer son livre minutieusement, avec de
perpétuels regroupements de forces, comme une offen-
sive, le supporter comme une fatigue, l'accepter comme
une règle, le construire comme une église, le suivre 
comme un régime, le vaincre comme un obstacle, le
conquérir comme une amitié, le suralimenter comme un 
enfant, le créer comme un monde sans laisser de côté ces
mystères qui n'ont probablement leur explication que
dans d'autres mondes et dont le pressentiment est ce qui
nous émeut le plus dans la vie et dans l'art.

LA RECHERCHE,  Le temps retrouvé Marcel Proust
Page 1032, La Pléiade 1954


lundi 7 juillet 2014

Promesse


Pourquoi grandir puisque enfants nous
touchions déjà le ciel de nos petites mains
d'argile rose ?

Christian Bobin         LA GRANDE VIE


vendredi 13 juin 2014

William, t'es parti si vite




Je suis entré dans le cimetière. Mon père 
marchait à mes côtés : invisible, il allait avec
moi voir sa tombe. Je me suis arrêté net
devant une autre tombe. Elle ressemblait
à une phrase parfaite : une croix au des-
sus d'une dalle blanche et, devant la dalle,
une vasque débordant de lobélies caressées
par une main de lumière. Nous traversons
les miracles en aveugles, sans voir que le
moindre jaillissement d'une fleur est fait
de milliers de galaxies, que les brindilles
d'un nid déserté ou les étoiles d'un ciel noir
parlent de la même absence adorable.


Christian Bobin         LA GRANDE VIE

mardi 10 juin 2014

Etincelle

 
 
 
Le mimosa est entré dans la pièce
comme un gros chien ruisselant de soleil
qui s'ébrouait, envoyant partout ses ondes
jaunes.
 
 
Christian Bobin        LA GRANDE VIE

mardi 13 mai 2014

Je suis cela




Chaque fois qu'il y a quelque chose en nous de négatif,
il y a une espèce de complaisance à l'égard de cet élément,
dès qu'il est là on va continuer à le moudre. Si on ne
continuait pas à le moudre, il mourrait tout seul mais on
continue en vertu d'on ne sait quelle fidélité. Une fois
que l'on aura compris que tout cela n'avait aucune réalité
propre à opposer à notre réalité véritable, eh bien, on ne
songera plus à moudre un état d'âme qui nous apparaîtra
comme fondamentalement illusoire ! Ce qui n'implique
pas que l'on doit traiter avec mépris et sévérité cette illu-
sion ; en tant  qu'illusion elle est charmante. Ce qui veut 
dire qu'en fait un homme bien portant peut rompre avec
son identité la plus fondamentale à tout instant. Ce n'est 
pas le phénomène de l'identité qui est pervers, c'est notre
relation avec l'identité. Ce n'est pas d'être "cela" qui est
pervers, c'est que "cela" se referme sur nous comme une
étreinte et nous réduise à sa teneur. Il n'y a pas d'anti-
nomie entre "je suis" et "cela" , ou "je suis" n'est pas
antinomique à "je suis cela" fondamentalement, simple-
ment "cela" n'a pas le droit d'accaparer mon identité
fondamentale.

Stephen Jourdain       Le Miracle d'Être

vendredi 4 avril 2014

L'angelus




Au-delà de tous ces moments d’errances
Où les vagabondes pensées nous assaillent,
Les cloches semblent les pourchasser
Pour qu’enfin un léger vent nous réveille
Et nous caresse comme le fait aussi
Le doux et fin rayon du soleil.

vendredi 21 février 2014

Accordéon Diatonique



                                                           Sharon Shannon

lundi 17 février 2014

Reconnaissance



Soyons reconnaissants aux personnes qui nous donnent du 

bonheur ; Elles sont les charmants jardiniers par qui nos âmes sont fleuries


Marcel Proust


lundi 20 janvier 2014

Brouillard




Le seul véritable voyage, le seul bain de jouvence, ce ne serait pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d'avoir d'autres yeux.

Marcel Proust

jeudi 16 janvier 2014

Au centre de SOI


La Boule, soir de fin d'automne

Sans jamais évoquer un Dieu
Créateur,Vengeur ou Salvateur
Mais en sachant toujours
Qu'une Energie venue de haut
Pouvait parfois m'habiter et me magnifier
Et qu'il en était ainsi pour chaque créature vivante.

Denise DESJARDINS    Contre vents et Années