samedi 30 septembre 2017

Liberté ?



L'endroit du décor, c'est aussi quand les ronces profitant de
notre absence nous font de petites blagues !! 

La vie est l'expérience prolongée d'une solitude à l’intérieur
de laquelle on se sent libre.
                Jean-Paul Enthoven

  De l'écrivain qui n'assume pas son génie -dont le refus
d'écrire fabrique à point nommé les circonstances qui l'en
empêchent- à l'homme qui se trouve toujours une bonne
raison de ne pas honorer le rendez-vous pris avec un
fâcheux, la délibération- qui est la signature du libre
arbitre-vient, en effet , après la décision qu'elle prétend
renseigner. Sous les"c'est pas ma faute", sous les gémissements
de l'artiste et les bras ballants de la victime, on croit
entendre le duc de Guermantes déclinant une invitation à
dîner : "Impossible venir ce soir, mensonge suivra." Ce
n'est pas parce qu'une chose est bonne que nous la désirons,
mais parce que nous la désirons qu'elle est bonne:
qui veut tuer son chien l'accuse de la rage. L'alcoolique de
mauvaise foi se persuade qu'il boit librement en trouvant,
à point nommé, des vertus imaginaires à la boisson (voire
une ordonnance qui lui permet de le faire). La délibération
n'est pas un préalable , mais un mensonge , une justification
, un testament . Et la décision n'est pas consécutive mais
antérieure à la délibération dont elle détermine les
conclusions. C'est parce qu'on est borné qu'on aime les
frontières ; "c'est un cocu, dit Guitry, et c'est pour cela
que je le trompe"; ce n'est pas à cause de l'héritage que les
héritiers se détestent, mais c'est parce qu'ils se détestent
qu'ils se disputent.

L'endroit du décor    Raphaël Enthoven

5 commentaires:

  1. Bien dit comme on dit. Cela va plus loin... On a tout dit avec cette analyse-là. Le jeu du mental, celui de notre monde, intérieur, extérieur. Incroyable de lucidité. Merci Dominique!

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  2. On est tellement construit d'idées toutes faites de poncifs, d'une palette de couleur qui fait peur et que finalement j'ai des doutes
    sur ma vision et de ce fait mes croyances battent de l'aile. Merci pour ton partage

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  3. Alors nous sommes deux..on s'allège de plus en plus, c'est une chance! Peut-être que nous aurons la chance de pouvoir voler? Le plus difficile, est de se dé-focaliser des pensées. Ou plutôt de faire le tri entre les "bonnes" et les "mauvaises".. C'est ce que j'ai découvert dans le soufisme, une éthique, une morale. ça ne fait pas très "Hautevillien", mais cela fait tellement de bien.. Par exemple, au lieu de scruter toutes les pensées, essayer de ressentir.. et se demander si on est en train de rejeter quelque chose ou bien d'aimer. en général c'est l'un ou l'autre. Et cela simplifie tout.On est dans la gratitude ou bien dans la plainte.Là, les pensées se trient toutes seules, si je puis dire. On arrête une pensée qui a une "mauvaise intention" avant même de la voir s'exprimer. On "ressent" l'intention, et on essaye de garder un coeur "propre". Je m'excuse, je parle beaucoup. C'est aussi parce que j'ai lu ton commentaire dans le post d'Acouphène sur Daniel Morin. Pour être éveillé, il faut laisser faire Dieu, pour le laisser faire, juste surveiller l'état de son coeur. Les pensées se taisent d'elle-même. Je partage l'ébauche d'une réflexion, mais je crois que ces entrechocs de différentes spiritualités n'ont pas fini de me faire parler; Merci Dominique de permettre cela par tes partages et commentaires sincères. C'est si beau la sincérité. Bien à toi , Sylvie

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    1. Franchement merci , quel cadeau ! pour moi un cadeau inestimable .
      je me sens comme Jean Valjean et ses chandeliers .
      Merci Sylvie

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  4. C'est gentil ça comme comparaison, et ça évoque bien de jolis moments littéraires. merci à toi Dominique!

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